Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Friends paradise !

Friends paradise !

Un blog rédigé par des amis rien que pour vous.


L'Arche Russe (The Russian ark) de Alexandre Sokourov

Publié par Antoine sur 15 Juin 2014, 22:59pm

L'Arche Russe (The Russian ark) de Alexandre Sokourov

C'est un beau projet, deux beaux projets, de vouloir filmer l'histoire à travers un musée, et de vouloir faire un film en un plan-séquence. Cette prouesse technique, qui doit beaucoup à son chef opérateur sportif, l'Allemand Tilman Büttner, rappelle La Corde d'Hitchcock qui jouait sur le temps continu pour créer du suspense (temps truqué dans le film d'Hitchcock, réellement en continu ici grâce à de nouvelles techniques). Au contraire, la durée de la visite est réelle mais s'étend sur des époques différentes. C'est là que les deux projets se rejoignent - et plutôt bien : à travers les objets, les œuvres d'art et le lieu, Sokourov offre une vision transversale de l'histoire. L'Arche russe est donc un film-concept comme on en a quelques-uns uns chaque année (de Time Code de Mike Figgis à Ten de Kiarostami).


Mais à l'intérieur de cette proposition, Sokourov a injecté une fiction - enfin presque. Du 18ème siècle à nos jours, un diplomate français du 19ème siècle et un réalisateur russe contemporain, qui restera toujours derrière sa caméra, visitent le musée. C'est à travers leurs regards divergents que nous voyons le petit monde de Saint-Pétersbourg papillonner. Il n'y a pas de personnages, il n'y a que des figures. Et la fiction ne prend pas : impossible des croire à ces êtres, parce qu'ils sont artificiels, caricaturaux, sans âme. Le plan séquence au lieu de leur donner plus de vérité, les transforme en fantoches qui profèrent des banalités sur le temps et l'histoire.


On ne peut dès lors s'accrocher qu'au musée lui-même. Le film devient une visite, comme il existe des Cd-Rom du Louvre, il y a L'Arche russe de Sokourov. On voit beaucoup de beaux objets, quelques tableaux dont l'approche de la caméra transforme les perspectives, ce qui donne lieu à quelques plans intéressants. Rien de plus.


Bien sûr le film a une certaine beauté - Sokourov serait incapable de faire un film laid. Mais le film est même un peu décevant de ce point de vue. Le cadre est davantage fait pour les lieux que pour les personnages. Parfois un tableau rentre parfaitement mais deux personnages sont coupés aux pieds de façon particulièrement inélégante. La lumière d'hiver affadit tout le film et lui donne un statut poussiéreux, ce qui achève de donner une teinte ambiguë à la vision de l'histoire, disons un peu passéiste, de Sokourov. Le film séduira peut-être les cinéphiles avides d'expériences, et ceux qui ont eu la chance de voir le musée en chair et en os, donc capables de projeter leur propre humanité sur ce film qui en manque tant.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents