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Friends paradise !

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Blue Velvet de David Lynch

Publié par Antoine sur 23 Octobre 2014, 23:02pm

Blue Velvet de David Lynch

Jeffrey, jeune étudiant bien sous tous rapports, trouve une oreille dans un champ ; aidé par Sandy, la fille d’un inspecteur de police, il mène l’enquête, papillon de nuit attiré inéluctablement par la flamme du mal. Le reflet d’une robe en velours, la lueur de folie dans le regard du méchant, Lynch met en scène son voyage aux enfers en fétichiste et Blue Velvet tient à bien des égards de l’exercice de style. Sa structure circulaire en est peut-être l’indice le plus flagrant ; le film s’ouvre et se ferme sur les mêmes images de parterre de fleurs sur fond de ciel implacablement bleu et sur l’impayable plan d’un pompier débonnaire juché avec son chien sur son rutilant véhicule et qui salue le spectateur, un sourire béat aux lèvres, le tout noyé dans un flou artistique du plus bel effet distanciateur. Car ces images sont encadrées par un plan fixe de ce fameux velours bleu qui sert d’arrière plan au déroulement des génériques de début et de fin mais qui surtout ressemble fort à un rideau de théâtre. Ajoutez à cela l’utilisation de la chanson éponyme présente dans les deux génériques et vous obtiendrez un film parfaitement clos : un conte.


Lynch cherche à l’évidence à faire suinter le bizarre de la façade trop lisse de ces existences ripolinées. Les premières minutes y parviennent avec élégance, sachant imposer le basculement de l’univers de carte postale des premières images dans un grotesque tenu parce qu’absurde. Un homme en bermudas qui arrosait sa pelouse se trouve soudain aux prises avec son tuyau d’arrosage, tandis que sa femme fixe d’un regard amorphe un écran de télé où apparaît en noir et blanc un revolver. Dans le jardin la bouche de l’homme au tuyau récalcitrant se tord en un hurlement muet : crise cardiaque, piqûre d’insecte ? il tombe raide, le tuyau à la main, transformé en fontaine, son chien s’obstinant à l’escalader. Tableau saisissant et réjouissant. Hélas la suite n’est pas aussi maîtrisée. L’étrange tourne essentiellement autour du duo sado-masochiste formé par Isabella Rossellini et Dennis Hopper. Elle, chanteuse de charme usée et mère éplorée, lui, psychopathe à la larme et à la gâchette faciles. Ces deux-là sont trop pleins de cris, de larmes, et de gesticulations pour symboliser, comme à l’évidence l’auteur le voudrait, le mal et la souffrance. L’envers du décor se révèle tout aussi caricatural et stéréotypé (le méchant appelle maman la femme qu’il violente) que sa façade souriante ; le kitsch sévit de part et d’autre : le film date.


Il constitue néanmoins un brouillon (de luxe) à la réalisation suivante de Lynch : la série télé Twin Peaks qui en généralise l’étrangeté (elle s’étend à tous les personnages) et en radicalise les parti pris : l’absurde s’y épanouit en une esthétique à la fois drôle, belle et troublante.

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