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Friends paradise !

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All or nothing de Mike Leigh

Publié par Antoine sur 15 Juin 2014, 22:46pm

All or nothing de Mike Leigh

Au jeu du tout ou rien, les personnages du dernier film de Mike Leigh tendraient plutôt vers le rien. Ils n’ont et ne sont presque rien : boulots minables, appartements miteux, corps avachis ; mais aussi et surtout rapports humains en bout de course. Presque plus d’amour en réserve pour beaucoup trop de petites humiliations quotidiennes. Le cœur du film est là, ce dont il est question au fond,c’est de solidarité dans la misère et d’amour au sein de la famille. Leigh semble vouloir nous démontrer que si, et seulement si, ces deux cercles concentriques (la solidarité entre voisins, l’amour entre parents) parviennent à se ressouder, alors ces laissés pour compte reformeront un tout heureux de leur existence.


Le film s’embarque dans une description d’une double pathologie, sociale et familiale, des rapports humains mis à l’épreuve par la rudesse de l’existence. Les décors défaits en sont un supermarché, une maison de retraite et un taxi –lieux de travail– et une barre HLM – lieu de vie, de mort et de renaissance. Le récit se déroule selon une trame classique et sans surprise : exposition croisée des personnages, voisins et amis avec au centre, une famille à la dérive (mais pas plus que les autres, sa particularité étant peut-être qu’elle seule nourrit un dernier espoir de complétude et de « normalité »). Phil est chauffeur de taxi. Son problème est qu’il a renoncé : c’est sa femme Penny qui tient la famille à coups d’engueulades, tandis que leur fille fait des ménages dans une maison de retraite, et leur fils obèse reste au chômage. Viendront la crise et sa résolution.


Leigh est à son meilleur quand il se contente de filmer ses personnages en situation dans leur vie quotidienne : la fille silencieuse qui subit les avances libidineuses de l’un de ses collègues, les jeunes désoeuvrés dans la cité. Autant de malaises ordinaires où la caméra parvient à ne pas jouer les voyeuses. Il perd déjà un peu pied lorsqu’il s’inscrit dans la veine traditionnelle du cinéma social britannique, du type The Snapper, où les situations cocasses le disputent aux déclarations d’amour noyées dans la bière : la soirée au pub, entre filles, des mères de familles, le chauffeur de taxi aux prises avec une cliente de la haute qui le révèle à lui-même. Là où il pousse le bouchon trop loin, c’est quand il tire une situation, qui tient précisément sa force de son incarnation et de son réalisme, vers le huis clos psychologique, le face à face de théâtre.


Tout compte fait, le film repose presque entièrement sur la finesse de son analyse psychologique et sur l’interprétation (remarquable) de ses acteurs. Pour un cinéaste de la trempe de l’auteur de Naked, ce n’est vraiment pas beaucoup.

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